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Logo - Le Shadow et le molosse à lunettes

  • Diway
  • 26 juin
  • 2 min de lecture


J’ai longtemps habité juste au-dessus du Shadow, rue Percière à Rouen. À force, ce n'était plus vraiment un bar, c’était ma terrasse, mon salon quand j’avais besoin de voir du monde, ma cave quand j’avais besoin de disparaître. Un rade à l’ancienne, comme on en fait plus : de la bière pas chère, du punk dans les enceintes, et des habitués qui savent tenir une discussion politique aussi bien qu’un comptoir.

Derrière le bar, c’était Jeannot. Ancien champion de boxe, grande carcasse au sourire fendu, regard vif sous ses lunettes fatiguées, rescotchées. Il avait gardé la sécurité dans des concerts punk dans sa jeunesse, et il avait gardé le goût du son sale et des riffs nerveux. On s’est bien trouvés. Ecoutant Social distorsion, Agnostic front, Randid ... on parlait musique, luttes, série Z et fin du monde, des heures entières, accoudés à ce bar devenu repère, refuge, QG de discussions sans fin.


Au départ, c’est juste la carte des tarifs que j’ai faite pour lui. Chaque année, une nouvelle illu de couv, un petit plaisir partagé :


Et puis un jour, en 2018, Jeannot m’a dit qu’il voulait refaire la charte graphique du bar. Le Shadow méritait une gueule. Un symbole. Un emblème qu’on pourrait bomber sur les murs, graver sur les tables, afficher comme un cri.

J’ai dessiné un chien à lunettes, un clin d'œil à son molosse, pilier du comptoir, avec des gants de boxe croisés façon tête de mort pirate. L’esprit du lieu, quelque part entre la loyauté du vieux chien et la hargne du boxeur. Un logo pensé pour être pochoirisé, imprimable à la bombe, façon DIY punk. Pas de bullshit. Pas de vernis. Juste une identité brute et vivante, comme le bar.


Le logo s’est retrouvé peint sur les tables, grâce au pochoir que j’avais fabriqué. On parlait de refaire aussi la devanture, mais le projet est resté lettre morte. Le bar commençait à battre de l’aile, à lutter contre cette logique à la con où les lieux vivants, populaires, trop "bruyants" ou pas assez rentables, finissent par disparaître au profit des cafés à 5 euros le flat white.



Notre collaboration s’est arrêtée là. Pas par dispute, pas par lassitude. Juste parce que la vie, parfois, avance sans prévenir, sans égard, parce que l'état d'esprit du lieu a changé... Le Shadow est resté, plus ou moins debout, plus ou moins à flot. Et moi, j’ai déménagé. Mais ce logo, ce chien à lunettes et aux poings levés, il est resté accroché quelque part en moi. Ce n’était qu’un logo. Ce n’était qu’un bar. Mais C’était toute une époque...



Bonus track : Le T-shirt du Shadow


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2023

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